Comité du 25/01 + Limonov gd polémiste

                   25 janvier 2016

Edouard Limonov et Igor Strelkov ont créé le Comité du 25 janvier :

une dizaine d'autres personnalités (journalistes, bloggeurs influents,etc) participent à ce mouvement, qui se veut une 3ème force , entre partisans du pouvoir et opposition libérale.

25/01/2016 - Moscou. 1ère réunion du "Comité du 25 janvier"

25/02/2016 - 1ère action annoncée du "Comité du 25 janvier" : Edouard Limonov, Igor Strelkov et Maxim Kalashnikov appellent à manifester le 5 avril, pour célébrer la "Journée de la Nation Russe".

Quelques jours après, en mars 2016, Edouard Limonov a subi une opération au cerveau.

Il s'en est apparemment bien sorti.

Il en parle dans son dernier livre ...ET SES DÉMONS, publié en octobre 2016.

                                VOIR ICI :

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Ce texte d'Edouard Limonov a été publié le 4 février 2016 dans PRESSE LIBRE :

 

http://svpressa.ru/politic/article/141645/

 

 

Edouard Limonov annonce l'émergence d'une troisième force politique

 

Le fantôme, errant à travers la Russie, matérialisé! 

 

 J'ai toujours eu la conviction, ces dernières années, qu'il n'y avait en Russie, que deux camps politiques principaux : deux camps pathétiques, et cela ne suffit pas, il manque le troisième camp, la troisième force.

 

Aujourd'hui, hélas, la politique russe s'organise autour de ces deux camps : les pro-gouvernement, et l'opposition libérale pro-occidentale. 

 

Le symbole du camp pro-gouvernemental a été et reste les tours du Kremlin. 

 

   Les libéraux quand à eux se sont auto-qualifiés en toute modestie : "classe créative". Et ils sont actifs presque uniquement dans la région de Moscou. 

 

Ils ont repris le slogan que nous avions lancé au début des années 2.000 ( nous = le parti national bolchévique) : "La Russie sans Poutine". Ce qui pourrait faire croire à une inimitié féroce entre les deux camps : mais en fait nous avons découvert leurs obscènes affinités.

 

 Les pro-Kremlin et les libéraux sont en fait les deux grands groupes de la bourgeoisie.

 

 Les pro-Kremlin sont les héritiers de la révolution bourgeoise de Boris Eltsine, en 1991, et les libéraux (la "classe créative" !) est la génération suivante : les enfants de ceux qui ont participé à la révolution bourgeoise de 1991, et aussi ceux qui n'ont pas participé à cette révolution, ou n'y ont joué qu'un modeste second ou troisième rôle. 

 

Dans tous les cas, il est sage d'identifier ces deux camps bourgeois, les pères et leurs fils.

 

Les péres ont le pouvoir, la puissance, et tout l'argent qu'ils ont détourné.

Les fils quand à eux ont des professions bien rémunérées, ils prétendent même hardiment qu'ils sont l'intelligentsia russe. Ils se considérent donc dignes de prendre le pouvoir. Avec comme slogan publicitaire : "Parce que nous le valons bien !"

 

 Cette polarisation violente entre les deux camps provoque l'irritation de ceux qui sont restés en dehors. 

 

Et qui est resté en dehors de ces deux camps?

 

Une grande partie de la population.

Ceux qui avaient manifesté contre les élections truquées de 2011, et beaucoup d'autres, dégoutés par la politique, et agissant dans des groupes et mouvements de la "société civile".

 

Coté politique, on a envoyé en enfer la gauche non-parlementaire (rappelez-vous le triste sort de Sergueï Oudaltsov (et de son Front de Gauche), qui a eu l'imprudence de manifester en 2012, au côté des libéraux, qui l'ont ensuite abandonné après son arrestation)

 

 Certains nationalistes de leur côté n'ont pas hésité à soutenir le Maïdan ukrainien, qui reprenait pourtant les slogans des libéraux pro-occidentaux. Ils n'ont pas compris que la révolution nationale ukrainienne était avant tout une révolution anti-russe. 

Si l'on en croit Karl Marx, il y avait un fantôme errant à travers la Russie, le fantôme du patriotisme national.

Eh bien ! ... aujourdh'ui...  il s'est matérialisé sous la forme d'un "Comité du 25 Janvier".

 

Chers compatriotes, devant vos yeux , vient de se créer la troisième force : le mouvement de ceux qui ne se reconnaissent pas dans le pouvoir actuel, ni dans les libéraux pro-occidentaux, les Khodorkovski - Navalny.

 

S'il vous plaît : notez l'importance historique du moment!

                                                                      Edouard Limonov 

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                                 UN MOIS APRÈS

4 mars 2016. 

 

Edouard Limonov a envoyé une lettre à Igor Strelkov, au nom du comité directeur de L'Autre Russie, pour lui dire que son parti se retirait du Comité du 25 janvier.

      Limonov accuse Strelkov de trop marquer la coalition à droite.

 

http://limonov-eduard.livejournal.com/794276.html

 

 

 

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STRELKOV et LIMONOV, interviewés par Maxim Kalashnikov

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10 février 2016. 2ème réunion du "Comité du 25 janvier".
3 février 2016 - Interview d'Edouard Limonov sur Kommersant FM - A propos de la création du "Comité du 25 janvier" avec Igor Strelkov.

LIMONOV, UN GRAND POLÉMISTE

L'écrivain Thierry Marignac, toujours aussi réactif :

"Je me suis amusé à traduire un article tout récent de Limonov sur la médiacratie. Il est très intéressant comme toujours, grâce à la simplicité déconcertante d'Édouard, sa faculté de résumer un phénomène, et d'en faire quelque chose de percutant"

Voir aussi l'excellent blog de Marignac :  ANTIFIXION   

                                            Édouard Limonov, 10 mars 2017  

Traduit du russe par Thierry Marignac  

 

Le phénomène des « fausses nouvelles » est une première dans l’Histoire de l’humanité… Bon, il y avait des reportages bidon, des canulars… On peut y inclure l’émission de radio où Orson Welles a lu le premier  chapitre de La Guerre des mondes de Herbert Wells, que ses contemporains avaient pris pour l’annonce d’une invasion de Martiens.

Mais dans l’ensemble le Quatrième Pouvoir connaissait sa place ou informait avec plus ou moins d’obéissance la société sur les évènements en cours sur la planète. C’est vrai, le président Nixon a tout de même été renversé par deux journalistes.

À présent nous n’entendons plus parler que de fausses nouvelles. Le premier à nous informer a été le nouveau président des Etats-Unis Donald Trump. Il a accusé la chaîne de télévision CNN, l’influent journal New York Times et encore toute une série de médias américains de communiquer de fausses nouvelles à la société.

Même si on ne s’en tient qu’à la sphère des relations russo-américaines, combien de fois n’a-t-on pas entendu parler des liens du personnel de Trump avec l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis Kisliak.

Les collaborateurs de Trump auraient été en contact permanent avec Kisliak et Trump lui-même l’aurait personnellement rencontré (la dernière des fausses nouvelles). Ah, ce Kisliak , ils en ont fait un démon tout-puissant.

L’appareil de Trump a démenti l’information sur la rencontre Trump-Kisliak. Et ces rencontres complètement routinières entre les collaborateurs actuels de Trump et l’ambassade russe, soit, n’ont pas eu lieu, soit, elles ont eu lieu avant que ces gens ne deviennent fonctionnaires de la nouvelle administration présidentielle.

L’accusation lancée contre la Russie d’être entrée par effraction dans la boîte postale électronique du Parti Démocrate et par là d’avoir joué un rôle dans les élections n’est pas seulement rotée après le repas par des journalistes cossards. Elle est répandue dans tous les coins, d’un quelconque Sacramento Chroniclecalifornien jusqu’à un journal de l’État du Maine : le Maine Herald.

Le journalisme américain, qui, depuis la Deuxième Guerre mondiale était considéré comme un étalon de sérieux et de méticulosité. (le Journaliste américain, en costume à revers et chapeau, un éternel crayon à la main, appareil photo et cigare à la bouche servait de monument symbolique à la véracité de l’information), en à peine une saison s’est changé en son contraire. Ils sont psychiquement instables et ils mentent.

C’est à leur suite que les journalistes français ont eux perdu la boule et le sens de la vérité. Les scandales orientés vers la discréditation des candidats à la présidence Marine Le Pen et François Fillon — témoignent non pas simplement de préférences ou d’aversions politiques, mais d’une fracture tectonique dans le cœur de ces gens. Si l’aversion de la majorité des journalistes libéraux envers Marine le Pen (progéniture d’une famille d’extrême-droite, elle-même représentant une idéologie d’extrême-droite) se comprend, de quoi ce pauvre Fillon est-il coupable ? Pourquoi persécute-t-on un politicien bourgeois tout à fait traditionnel ?

Pourquoi ?

Parce qu’ils se sont soulevés. La classe des journalistes contre le monde contemporain.

Il y a longtemps qu’ils ont la sensation de leur puissance. À la Convention révolutionnaire on trouvait de nombreux journalistes : Hébert, Jacques Roux, Robespierre, Desmoulins… Et je n’en nomme que quelques-uns. Ils eurent une puissante influence sur les événements.

Ici à Moscou, dans nos manifestations du Bolot, oui, il y avait quelques dames en vison, mais au fond, ces manifs étaient dirigées par des journalistes : les gens de la radio « L’Écho de Moscou », Parkhomenko l’inspiré, derrière lequel se cachait l’éminence grise Venediktov. Les gens de « L’Écho » ont un petit peu servi les protestations. Et encore le critique musical Arthème Trostki, l’animatrice Lazareva, le journaliste Vladimir Pryjkov… Et combien d’autres…

Passons rapidement — il ne s’agit que d’étayer cette thèse avec des preuves contemporaines — Et, en chemin, remarquons que la Russie fait partie du monde contemporain et que les processus qui y sont à l’œuvre ne nous sont pas étrangers.

Aux Etats-Unis, les médias de façon quasi unanime (Fox News et quelques autres journaux sont des exceptions) se sont rebellés contre le président élu légalement (en accord avec les lois américaines) au mépris de la volonté du peuple des Etats-Unis, qui l’avait choisi et de la Constitution. Les médias américains se conduisent d’une façon inédite jusqu’à ce jour.

Il ne s’agit pas d’une révolte exclusivement dirigée contre le régime Trump. Le phénomène est plus large et plus profond : c’est la révolte de la classe internationale des journalistes contre les politiciens, les États et les peuples. Ce qui est confirmé par le soulèvement des journalistes français à la suite des Américains.

C’est l’origine des fausses nouvelles. Le fait que chez les fournisseurs d’informations surgisse l’envie de remplacer celle-ci par les caillots de leur haine des leaders, des États, des peuples — on s’y attendait.

Et voilà, nous y sommes. 

Quelle est leur orientation ? Quel est leur idéal ?

C’est vers le passé qu’ils s’orientent, un passé vieux d’une génération.

En effet, l’engagement des médias américains saute aux yeux. En faveur de quel camp sont-ils engagés ? Au premier regard, celui de Clinton.

Mais, il ne s’agit que d’une petite partie de la vérité. En réalité les médias américains libéraux (et non pas un ou deux médias américains, le journalisme est la profession la plus libérale qui soit !…) sont engagés dans le camp de la psychologie, de la morale, et du climat spirituel de leurs familles, engagés dans les traditions des familles libérales.

Ils se sont engagés pour les vues politiques de leurs parents. C’est à dire que leur révolution est une rétro-révolution. Ils ne veulent pas du nouveau, de l’intraitable et du désagréable, ils veulent le monde de leurs parents. Et leurs parents n’étaient pas nos personnages à chapeaux et cigares. Ceux-là, c’étaient leurs grands-parents. Et leurs parents étaient des gens en poncho, en tee-shirts colorés, les enfants des fleurs, Make love, not war.

À présent, leur révolution éclate au grand jour. Ils considèrent qu’ils n’ont plus besoin des leaders, plus besoin du peuple lui-même. Pour quoi faire, tout ça ?

Contrôlant les courants de l’information, ils savent  tout mieux que tout le monde, comment et où doit aller le monde. Ils en sont persuadés.

Je suis absolument certain de cette explication du soulèvement des journalistes.

C’est une révolte mondiale des journalistes. Selon toute probabilité elle subira un échec : elle sera écrasée par les États et les peuples.

Mais elle a commencé et se déroule en ce moment-même.

Ce n’est pas seulement contre Trump ou Le Pen (et en même temps contre Fillon, on aura tout vu !), c’est une révolution pour eux-mêmes et leurs objectifs !…

                                             Edouard Limonov, 10 mars 2017

                                                (Traduction : Thierry Marignac)

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CE SITE EST CONSACRÉ A EDOUARD LIMONOV 

 

Il actualise le livre d'Emmanuel Carrère, avec photos et vidéos rares, et quantité d'informations inédites (2017) 

Voir la 1ère page, très complète, ici : 

 http://www.tout-sur-limonov.fr

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Contact : 

 tout.sur.limonov@gmail.com

 

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Réponse de Limonov aux critiques USA - GB

La traduction du LIMONOV d'Emmanuel Carrère est enfin parue en Grande Bretagne et aux Etats-UNis en octobre 2014.

De nombreux articles en ont rendu compte dans la grande presse britannique et américaine.

Une première pour Emmanuel Carrère dans ces 2 pays, où il était jusqu'ici quasiment inconnu.


  On le surnomme désormais là-bas,  "l'auteur de LIMONOV".

VOIR ICI : http://www.tout-sur-limonov.fr/222318830

Edouard Limonov, de son côté, n'a pas apprécié toutes les critiques négatives à son égard, écrites par des gens mal informés et représentatifs selon lui de la "décadence occidentale" (manque de culture, superficialité, conformisme, étroitesse d'esprit, etc...)

Ces gens-là, estime Limonov, sont "complètement à l'ouest" : ne connaissant rien au vrai monde,  très contents d'évoluer dans leur petite bulle hors-sol.

Mais le réel va bientôt méchamment les rattraper, dit-il.

 

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Un extrait du blog d'Edouard Limonov en date du 29 octobre 2014 :

        Il y a beaucoup de plaisir dans l'émeute

 

Ce mois-ci,  ma biographie, le « Limonov » d'Emmanuel Carrère, est sortie dans les pays anglo-saxons, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

 Les compte-rendus se multiplient partout dans la grande presse : New York Times, Wall Street Journal, Washington Post, etc, etc.

 Plus j'exprime mon hostilité vis à vis des occidentaux et de leur rhétorique, et plus ils dévorent ma biographie.

           Et comme par hasard,  on a droit tous les jours à des attaques contre moi. 

 Ils n'ont rien compris : c'est au-dessus de leurs forces.

 

 A vrai dire, tous les articles sont stupides et dénués de sens .

 

Il n'y a rien de bien brillant : ils affirment, soit que Limonov est un Russe un peu fou, soit que Limonov est un antihéros, et pire encore, qu'il a tiré sur Sarajevo, vous imaginez ça... un vrai fasciste !

 

 Les critiques européens, de leur côté, n'ont pas assez de courage pour sortir de leur dogmatisme séculaire : tous les peuples non-européens sont pour eux, soit des staliniens, soit des fascistes. Trouvent grâce à leurs yeux, uniquement les Roms et les homosexuels, pour les droits desquels ils lutteraient, soi-disant ( pas cher de se donner bonne conscience).

...///...

 Les hommes, en général, sont devenus de plus en plus bêtes. Pour certains de nos contemporains, si vous n'avez pas créé votre entreprise, vous êtes un plouc et un looser.

  On en a marre des libéraux, des chantres du marché libre et de l’épanouissement économique, prétendument désiré par tous. 

 

   L’Europe a créé l’univers artificiel des mariages homos et des femmes asexuelles auxquelles il est interdit de toucher, sinon on sera accusé de viol, comme c'est déjà arrivé à Julian Assange.

   Ce qui attend l’Europe, en fait, c'est que des millions de jeunes travailleurs immigrés frais et lubriques viennent la violer. 

 

 

 Ces messieurs, les libéraux, ont oublié qu' "il y a beaucoup de plaisir dans l'émeute" comme l'écrivait le philosophe Constantin Leontiev.

  Et beaucoup de gens, aujourd'hui, rêvent de faire éclater le monde actuel, comme la glace brisée par une pierre.

    Cela ne viendra pas du côté des Scandinaves qui ont dégénéré  en ectoplasmes. Difficile d’imaginer que leurs ancêtres, Normands et Vikings, avaient conquis l’Europe en rugissant et maniant leurs épées à deux mains.

 Ca devait être un autre peuple...   Les Vikings ne nous auraient jamais donné une descendance aussi terne.  

Ce que je veux dire ?  Eh bien que l’Europe est en pleine crise,  tout comme la plus jeune Amérique. La culture n’existe plus, la philosophie est morte, la musique est nulle. Et pour le reste, guère brillant,  on utilise le vocable fourre-tout "d'arts visuels".

  Tout ce qui compte, c'est le marché, et les brasseurs d’affaires devenus les héros de la "civilisation" occidentale.

    La meilleure façon de sortir de la crise,  la plus parfaite,  serait que cette civilisation disparaisse. Et cela viendra.

    Nos compatriotes russes sont plus vifs. Il nous reste quelques réserves de folle énergie non-bridée, moins qu'avant, c'est sûr, mais il y en a encore.

 ...///...///...

 Concernant les dirigeants libéraux russes, Alexey Navalny et toute la clique, j'en ai marre de vous.

 Le peuple russe en a marre de vous tous.

 Vous, nos chers libéraux russes, êtes comiques et provinciaux.  

Vous défendez encore les préjugés d'une vieille civilisation en chute libre : l'économie de marché, l’emploi, la hausse du produit intérieur brut, l’augmentation des ventes de voitures …

 Mais sachez-le : la catastrophe viendra, la guerre aura lieu partout, et il n'y aura plus assez de pain pour tout le monde. 

 C’était un sermon apocalyptique.

                                                                                                                                                               Edouard Limonov.

 

 http://limonov-eduard.livejournal.com/561148.html

Limonov et les réfugiés - Septembre 2015

 Edouard Limonov : «l'Europe doit aujourd'hui faire face à ses crimes»

Edouard Limonov est un écrivain et dissident politique, fondateur et chef du Parti national-bolchevique (Nazbol) interdit en Russie.

Célèbre pour son charisme et ses prises de position controversées, son ouvrage le plus connu paraît alors qu'il est émigré aux Etats-Unis, puis à Paris. Intitulé "C'est moi, Eddie"  ou  "Le poète russe préfère les grands nègres" (1980) et racontant ses mois d'errance et de débauche dans le New-York des années 70, il connaît un immense succès et Limonov est propulsé au sommet de la scène littéraire française durant plusieurs années.

Il reste encore aujourd'hui un personnage médiatique adulé par certains, haï par d'autres. L'ouvrage de l'écrivain français Emmanuel Carrère qui retrace sa vie a obtenu le prix Renaudot.

Edouard Limonov a été écrivain, voyou, poète, ouvrier d'usine, émigré, sans-abri, domestique, dissident politique... D'un tempérament volontairement provocateur, ll a récemment défrayé la chronique en critiquant violemment la politique européenne qui, selon lui, a provoqué la crise migratoire qui entraînera, à terme, la mort de l'Europe.

Pour RT France, il a accepté de revenir sur ce point de vue et nous livre une interview sans équivoque. 

RT France : D'un côté, l'Europe se sent obligée d'accueillir les réfugiés, par solidarité, par devoir d'humanité. D'un autre côté, elle craint pour ses frontières et son patrimoine culturel et religieux. Que pensez-vous des effets de la crise migratoire sur l'Europe?  

Edouard Limonov (E.L) : Vous savez, l'Europe et les Etats-Unis on créé eux-mêmes cette situation de toutes pièces. Ils ont totalement détruit la Libye avec leur intervention en 2011.

L'Irak, les Etats-Unis l'ont carrément détruit deux fois ! Regardez aujourd'hui l'Irak, regardez la Syrie. C'est de votre faute messieurs les européens !

Aujourd'hui il faut faire face à votre crime. On récolte ce que l'on sème. L'Europe et les Etats-Unis ont détruit ces pays et aujourd'hui, des réfugiés fuient ces pays par milliers pour gagner l'Europe.

Qu'attendiez-vous en échange ? Cette situation était inévitable. D'un autre côté, nous sommes désormais à l'aube de changements démographiques grandioses. Et vis-à-vis de cela, je considère que l'Europe a entièrement le droit de se défendre.

RT France : Une grande majorité de réfugiés veulent se rendre en Allemagne... 

E.L : Evidemment ! L'Allemagne est une cible de choix pour eux. C'est le pays le plus riche, le plus prospère d'Europe. Il est donc évident que c'est en Allemagne que les réfugiés veulent se rendre. Bien que cette richesse, dont je vous parle, est à mon avis seulement présumée car la crise n'a épargné aucun pays et l'Allemagne d'aujourd'hui, ce n'est plus l'Allemagne des années 80-90.

Et cette Allemagne subit aujourd'hui une sorte d'invasion barbare, de peuples qui ont d'elle une vision totalement fantasmée. J'ai peur qu'à terme, on risque de voir apparaître une résurgence des idées nazies à cause de cette invasion incontrôlée.   

RT France : L'Allemagne semble pourtant accueillir les réfugiés chaleureusement... 

E.L : Oui. Cela vient d'un sentiment de culpabilité vis-à-vis du nazisme. Pour ma part j'attends depuis longtemps que l'Allemagne se relève et arrête de se cantonner à sa politique victimaire, de se flageller pour son passé.

Le tribu qu'on lui fait payer commence à être beaucoup trop lourd. L'Allemagne finira par se révolter de cette situation. C'est également le cas pour le Japon à qui on fait payer depuis bien trop longtemps sa prise de position dans la Seconde Guerre Mondiale. 

RT France : De nombreux pays européens et notamment certains maires français, on affirmé qu'ils ne sont prêts à accueillir que des chrétiens... 

E.L : Selon moi, c'est une exigence tout à fait raisonnable. Aujourd'hui, les médias nous montrent un Islam aggressif, représenté par Daesh. Alors les gens ont peur, ils préfèrent se tourner vers des populations dont ils savent qu'elles partagent la même religion, les mêmes valeurs.  

RT France : Vous aussi avez vécu l'exil et la situation de réfugié dans les années 70-80, aux Etats-Unis et en Europe... 

E.L : J'ai vécu une toute autre situation. Ce n'est pas comparable. Réfugiés, nous l'étions, certes, mais nous n'étions que quelques centaines. Nous aussi nous avons fui, mais nous faisions partie de l'Intelligentsia, nous étions des artistes, des poètes, des peintres, des écrivains. Comment peut-on comparer cela à la vague migratoire à laquelle fait face aujourd'hui l'Europe ? Ces gens fuient la terreur, la mort, ils fuient pour sauver leurs vies. Beaucoup d'entre eux n'ont pas le choix. Et l'Europe en paye les conséquences.

RT France : Comment évaluez vous cette situation de Russie, où vous vous trouvez ? 

E.L : La Russie aussi a accueilli plus de 600 000 réfugiés vous savez. Seulement, voyez-vous, ceux-là sont ukrainiens. Ils parlent la même langue que nous, ils partagent notre culture. Ils ne sont absolument pas une menace pour la Russie. Je peux vous dire qu'on est bien mieux lotis que vous de ce côté là. Enfin... pour le moment   

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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Le processus d’auto-destruction de l’Occident est en route

Après le 11 Septembre 2001, le monde a changé pour le pire.

Nous avons clairement constaté son changement dans les aéroports. Le contrôle des passagers, ressemblant comme deux gouttes aux fouilles pénitentiaires, est devenu routinier. Vous en avez sûrement tous fait l’expérience et je ne vais pas vous expliquer ce que vous savez déjà.

Le monde est devenu globalement moins démocratique. Depuis la tragédie du 11 septembre, La police est bien plus présente et les pratiques totalitaires augmentent. Partout : aux États-Unis, et dans la vieille, mais inconsciente Europe.

Les Etats-Unis, afin de punir quelqu’un pour le crime du 11 septembre, ont envahi l’Afghanistan, qui vivait tranquillement dans sa version plutôt pacifique du Moyen-Age, sous prétexte que l’Afghanistan abritait Ben Laden, et que ce trublion saoudien avait organisé les attaques terroristes de New York. Personnellement, je pense que Ben Laden, le suffisant leader d’Al-Qaida, s’est simplement contenté de s’attribuer le mérite du plus grand acte terroriste de l’histoire.

Nous avons tous vécu ces 14 dernières années dans une ambiance de libertés décroissantes avec des aspects de non-liberté très semblables aux pratiques décrites dans le livre de George Orwell « 1984 » de plus en plus enracinés dans nos vies. Pas encore le fascisme, mais un type particulier de totalitarisme – généré par la peur, bien sûr – mais cela ne rend pas la chose plus facile.

Pour compenser la limitation des libertés politiques des citoyens et la mise en place de pratiques carcérales, l’Europe et les États-Unis se sont mis, de manière suspecte, à insister sur les droits secondaires de l’individu.

Je veux dire que l’engouement général de nos gouvernements européens et étasuniens pour les amours de même sexe, les mariages de même sexe, de leur emballement dégoulinant d’humanité pour les droits des personnes handicapées et l’adoption des enfants malades et étrangers, etc. – la liste est longue – va de pair avec le durcissement de la vie politique dans l’Ouest et l’augmentation des pouvoirs de police.

C’est comme cela que ça s’est passé jusqu’à ces dernières années. 2013, 2014 et 2015 nous ont apporté de nouvelles surprises. Et il y en aura d’autres. L’Europe est confrontée à un choix : soit devenir activement nationaliste avec des aspects nazis et fascistes, soit changer du tout au tout. Le problème de l’invasion de migrants vers l’Europe est le pire défi de l’Europe de toute son histoire.

Quelle est la situation?

En raison de la politique de prédation des Etats-Unis et de l’Europe, le système étatique de plusieurs pays importants s’est désagrégé. L’Afghanistan, l’Irak, la Libye – et pour finir la Syrie – ont été attaqués par l’Occident. Les guerres soi-disant pour les «droits humains», les conflits armés menés par l’Occident, étaient et restent des agressions, seulement recouverts de l’habillage moderne des droits humains pour dissimuler leur essence cannibale. L’Afrique est déstabilisée, directement ou indirectement, les affrontements entre les «bons» et les «mauvais» qui font rage dans plusieurs pays africains – le Mali, en est l’exemple le plus flagrant – ont aussi détruit leurs systèmes étatiques.

L’Ukraine a détruit son Etat apparemment toute seule, mais n’y a-t-elle pas été encouragée par les Américains, les Polonais, les Néerlandais, les Allemands, les Finlandais, les Français, les Baltes, qui sont venus parler aux Ukrainiens sur  le Maïdan? Et donc il faut ajouter l’Ukraine aux nombreux états détruits. Les Européens et les Yankees ont monté systématiquement le Maidan contre la Russie. C’est intéressant de constater que  bien que la Russie ne soit plus un pays communiste, ni soviétique, ils continuent de nous haïr avec la même violence. Il est donc clair maintenant, du moins je l’espère, que l’anti-communisme et l’anti-soviétisme ne servaient qu’à camoufler leur russophobie.

Et maintenant les peuples et les tribus fuient leurs pays dévastés.

Pour aller où?

Les côtes américaines sont loin, les bateaux fragiles ne peuvent pas traverser l’océan.

Et l’île italienne de Lampedusa n’est qu’à quelques encablures de la côte ravagée de la Libye. Et la Grèce est proche.

ISIS a beau être riche, terrifiant et rusé, il n’a pas les moyens d’organiser l’exode d’un nombre incalculable de réfugiés. Je ne crois pas un seul instant que  ces démons de l’enfer aient envoyé des centaines de milliers de réfugiés vers l’Europe. Ce n’est pas ISIS.

La plupart de ceux qui déferlent sur l’Europe sont des hommes jeunes parce que les hommes ont plus de force que les femmes et les enfants, ils peuvent surmonter les difficultés et les souffrances d’un voyage par-delà trois mers vers le cœur de la riche Europe – la riche Allemagne.

Qui fuit la guerre, qui fuit la ruine et la pauvreté, qui fuit les conséquences de la guerre ? Il est difficile de faire le tri. Et même le plus grand professeur à la Sorbonne n’en est pas capable. Car les trois sont vrais.

C’est vous, Européens et Américains, qui avez donné un coup de pied dans la fourmilière, alors de quoi vous plaignez-vous ? Tout cela est votre faute! Pour que les migrants n’affluent pas chez vous, il faudrait rendre leurs conditions d’accueil insupportables. Mais vous ne le ferez pas. Pas parce que vous êtes bons, vous n’êtes pas bons, mais parce qu’il est important pour vous de donner une bonne image, une image humanitaire, après vous être lavés les mains dans le sang des citoyens des Etats qui vous avez mis en pièces.

Comme le 11 septembre 2001, les migrants (les images de la gare à Budapest sont frappantes et fortes, parce que c’est le Moyen-Orient, l’Asie et l’Afrique qu’on voit sur les photos et les vidéos, pas l’Europe) vont tellement changer le monde qu’on ne le reconnaîtra plus. Ils le changent déjà.

De deux choses l’une, soit en fin de compte les gens auront, en Europe, une autre religion, des yeux noirs et la peau sombre. Cela n’a rien à voir avec le racisme, (au cas où on serait tenté de m’en accuser), mais les citoyens de l’Allemagne ressembleront aux citoyens du Moyen-Orient. Soit on aura des Etats fascistes et racistes, retranchés derrière des barbelés, des murs et des mitrailleuses. Il n’y a pas de troisième solution.

Je viens d’apprendre qu’en Russie il y a 2,5 millions de réfugiés venus d’Ukraine (ou plutôt, 2 503 680 personnes), mais on ne peut pas les  distinguer des Russes. Donc, l’assimilation ne nous menace pas. Nous aurons les mêmes yeux, la même peau, la même religion. Les Ukrainiens n’auront pas de problème pour s’intégrer. Nous sommes dans une meilleure situation que la malheureuse Europe, vouée à perdre la forme qui a été la sienne pendant un demi-millénaire.

Cela me fait de la peine. Je préfère garder la vieille Europe. Mais puisqu’il semble qu’on n’ait pas le choix et que de toute façon l’Europe est hostile à la Russie, eh bien qu’elle disparaisse !

Le processus d’auto-destruction de l’Occident est déjà irréversible. Comme disait Gorbatchev : « Le processus est en route ».

Nous avons assisté à l’auto-destruction de l’URSS. Maintenant, c’est le tour de l’Europe. Chacun à sa manière.

                                     Edouard Limonov | 12.09.2015

Limonov et Prilepine - Attentats de Paris

          C’est une attaque contre l’Europe  

 

Edouard Limonov, écrivain 

 

« Les gens qui ont organisé les attentats terroristes à Paris vivent avec des catégories simples dans la tête : « NOUS » et « EUX ». Leurs « ennemis » sont une masse déterminée : ce sont les USA et la Russie, la France, l’Allemagne et tous les autres : Australie, Norvège et Canada, l’Égypte avec son armée, et Bachar al-Assad dans son Lattaquié avec ses alaouites ; tout ça, c’est EUX.

Est-il réellement possible qu’on n’ait pas compris que, dès les premières têtes décapitées, il aurait fallu répondre durement à ces défis pour que le camp adverse ait peur, pour qu’ils perdent leurs cheveux de peur… Aujourd’hui, bon gré mal gré, les méchants ennemis vont se resserrer et faire front commun.

Les pleurnichages, la morve au nez…, tout cela est derrière. L’aube en acier brûlant d’une nouvelle humanité se lève.

Et puis, bien sûr, l’attaque d’hier sur Paris. Ce qui s’est passé, ce n’est pas un attentat terroriste, c’est une opération militaire visant à répandre la terreur sur la capitale culturelle de la vieille Europe et de tout le monde blanc.

C’est une attaque contre l’Europe. Et une attaque très réussie, très efficace. Huit combattants y ont participé. Imaginez ce qu’ils feront à quatre-vingts !

Sachant que sur huit, sept se sont fait exploser eux-mêmes et n’ont pas été éliminés par les policiers. Il n’y en a qu’un dont la ceinture d’explosifs n’a pas fonctionné, et lui a été abattu par la police. »

                                                                                                                                                                    Edouard Limonov 

(Traduction  : Le Courrier de Russie)

http://www.lecourrierderussie.com/2015/11/attentats-paris-russes/

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« La France est une des merveilles du monde, un pays improbable, magique »

 

Zakhar Prilepine, écrivain 

 

 Nulle part ailleurs, probablement, n’est-on aussi chaleureux à l’égard de la Russie qu’en France. Il y a encore dix ans, en arrivant à Paris, je devais à chaque fois m’expliquer sur la Tchétchénie, sur Politkovskaïa et sur Poutine.

Mais depuis, tout a changé – rapidement et profondément. La dernière fois que je suis allé en France, il s’est produit l’improbable – des dizaines de Français très intelligents, attrapant par la manche un traducteur se trouvant à proximité ou en se débrouillant eux-mêmes, dans un mélange approximatif d’anglais, de français et de russe, m’ont parlé de la Russie sacrée, brillante, surprenante, m’ont dit que les Russes sont l’espoir de l’Europe, qu’ils sont les seuls à avoir le courage de dire la vérité sur tous les sujets – la Patrie, Dieu, les relations entre les peuples et les sexes – et qu’en Europe, tout cela est souvent marqué sous la qualification de « fascisme ».

Avec ça, comme j’ai pu m’en rendre compte, les Français ont tout compris sur Maïdan, ils connaissent l’histoire et l’ « histoire » de l’Ukraine, font la distinction entre héros et « héros » ; et avec mordant, avec leur charme français, ils plaisantent sur tout cela.

Bien sûr, il y a en France des gens très différents, mais la lassitude des Français vis-à-vis de l’influence outre-atlantique est de plus en plus évidente, l’attraction vers la Russie, aussi. Nulle part ailleurs qu’en France ne se rassemblent d’aussi grandes salles de littérateurs, historiens et musiciens russes. C’est à Paris que j’ai vu Oles Bouzina pour la dernière fois. Où encore, sinon à Paris, serions-nous invités ? Dans les autres capitales d’Europe, on fait venir des types plus respectables, prévisibles jusqu’à l’os.

J’aime énormément ce peuple charmant, intelligent, subtil, doux. À Paris seulement, j’ai été au minimum 15 fois, et c’est toujours le même bonheur.

Il n’y a peut-être que les Serbes pour avoir un aussi bon rapport à la Russie. La France est une des merveilles du monde, un pays improbable, magique. Et je considère ce qu’il s’est passé comme un malheur personnel. Nous serons de plus en plus proches et de plus en plus parents. Nous nous comprenons comme peu de peuples au monde.

                                                                       Zakhar Prilepine

Dernier livre de Zakhar Prilepine :

De gauche, jeune et méchant  

Editions de La Différence - 2015

Voir ici :

http://www.tout-sur-limonov.fr/222318798